Ancienne de chez Therias et l’Econome, Sylvie Tournaire devient coutelière indépendante

Après presque trente ans de coutellerie en tant que salariée, Sylvie Tournaire a su tourner la page du licenciement pour se lancer, seule, à 45 ans.

Derrière ses immenses backstands, Sylvie Tournaire voyage de machines en machines sur son fauteuil à roulettes. « Ici je suis installée comme s’il y avait deux trois personnes ». À 45 ans, elle a créé sa propre SARL, « Façon’Elle ».

Après une première vocation dans la marine qui n’a pas abouti, elle part en apprentissage chez Delarboulas à Escoutoux et obtient son CAP coutellerie en 1991. Pendant dix ans, la coutelière multiplie les expériences professionnelles, avant d’être embauchée comme polisseuse en 2003, chez Therias et l’Économe.
« J’ai eu de la chance à l’époque, avoue Sylvie Tournaire. Mon chef m’a tout de suite fait confiance et j’ai beaucoup appris avec lui. »

J’ai toujours eu envie de me lancer seule

SYLVIE TOURNAIRE

Une expérience qui va durer quinze ans, avant la fermeture de l’entreprise presque bicentenaire le 31 mai dernier. Une fermeture comme un déclic pour l’ancienne déléguée syndicale de la société. « J’ai toujours eu envie de me lancer seule, assure-t-elle. Mais je me sentais en sécurité dans mon usine et je ne trouvais pas de locaux. Le licenciement a été un déclic. »

Quelques semaines après son licenciement, Sylvie Tournaire trouve un local rue du Point-du-Jour à Thiers. Une nouvelle fois, la coutelière va jouer avec la chance. « J’ai trouvé un propriétaire qui a eu confiance en mon projet », sourit l’auto-entrepreneuse. Un propriétaire qui a « tout fait » dans son local. Du crépi au rafraîchissement de la peinture, en passant par la fixation de toutes ses machines. Des machines proposées à la vente aux salariés par Therias et l’Économe, peu de temps après la fermeture, que la coutelière a pu racheter à moindre coût.

Des couteaux haut de gamme personnalisables

Acceptée par la confrérie du couteau Le Thiers®, la coutelière a ouvert son commerce le 1er août. Un atelier où la Thiernoise compte bien se démarquer. « Je vais faire des couteaux haut de gamme et personnalisables. Je peux travailler toutes les surfaces. En ce moment, je suis en train de créer un couteau avec un manche fait en bois de cerf. »

Souhaitant profiter d’un art de la table « en vogue », Sylvie Tournaire compte profiter de cette nouvelle expérience professionnelle pour créer sa marque. « Je vais commencer par faire de la sous-traitance pour avoir un revenu, prévoit la néo chef d’entreprise. Je ne vais sortir aucun salaire la première année, ça me permettra d’investir dans la marque que je souhaite créer en exploitant
Le Thiers® », qui est un couteau que j’adore.

En se lançant seule dans la coutellerie, Sylvie Tournaire devient l’une des rares coutelières à son compte sur le territoire. Une particularité qu’elle rappelle dans le nom de sa boutique. « Je voulais qu’il y ait « Elle », assure-t-elle. J’avais aussi pensé à « À ma façon », mais ça faisait un peu prétentieuse. Mais j’ai gardé le terme « façon » qui rappelle le façonnage. Ça parle aux gens dans la coutellerie. »